Coopération Éducation Culture (CEC) a été créée en 1977 par des hommes et des femmes de lettres belges dans la volonté de faire connaître leurs homologues africains. Cette ambition a conduit l’ONG à mettre sur pied des actions fortes dont la création de la toute première bibliothèque européenne spécialisée dans la diffusion des littératures afro-caribéennes. Une action renforcée par une programmation régulière de rencontres littéraires avec des auteurs du continent africain et de ses diasporas. De grands rendez-vous littéraires ont eu lieu au fil des années, tels la toute première rencontre d’écrivains d’Afrique en Belgique en 1986, plusieurs éditions de la Foire du Livre Africain, le Grand parloir des lettres congolaises organisé dans le cadre de Yambi (2007), Ayiti la ! (2017), Kitabu Marathon (2017), ou enfin, à la suite de nombreuses années de présence de CEC à la Foire du Livre de Bruxelles, le Pavillon des Lettres d’Afrique et des Caraïbes qui mettait l’Afrique à l’honneur à l’édition de 2018.
Convaincue de la force de l’expression artistique et de l’action culturelle pour s’ouvrir à l’autre, CEC ONG a très vite souhaité mettre au cœur de son action la déconstruction des stéréotypes à l’égard de l’Afrique, de ses populations et des afro-descendants. Les stéréotypes sont trop souvent à l’origine de comportements racistes et xénophobes. Dans le but de traiter ce problème de société à la source et de manière plus directe, CEC s’est penché, de façon pionnière, sur l’analyse des images des Noirs dans l’iconographie européenne et sur celle de la propagande coloniale. Le poids de ces images a contribué largement au développement d’un imaginaire collectif stéréotypé qui continue, encore aujourd’hui, à engendrer des comportements de repli, d’indifférence et de discrimination vis-à-vis des africains et des afro-descendants.
Ce travail a mené l’ONG à développer des expositions itinérantes accompagnées de programmes de rencontres et colloques, telles que « Zaïre 1885-1985 : cent ans de regards Belges » (1985), « Le Noir du Blanc/Wit over Zwart. Images de Noirs dans la culture populaire occidentale » (1990), « Miroir d’Empires.L’Afrique coloniale dans les images françaises et belges » (1996, Bruxelles-Lille), dont la partie belge (« Notre Congo/Onze Congo. La propagande coloniale belge : Fragments pour une étude critique », 2000), numérisée et revisitée est devenue « Notre Congo/Onze Congo, la propagande coloniale belge dévoilée » en 2014.
Parallèlement, pour contribuer à positiver ce regard faussé sur les afro descendants, CEC a développé des projets permettant d’éclairer l’histoire africaine méconnue du large public ou occultée. C’est le cas de l’exposition « Femmes, d’Afrique. Grandes figures historiques de l’Antiquité à nos jours », qui dresse les portraits de femmes, ayant marqué d’une façon ou d’une autre leur pays à différentes époques de l’histoire.
Au cœur de la démarche des fondateurs de CEC on trouve également la valorisation du travail des artistes d’Afrique et des diasporas ainsi que leur regard sur les représentations. Une démarche qui a donné naissance à des actions d’ampleur : dès 1986, CEC a mis sur pied, quatre éditions du festival « Climats. Rencontres Sud-Nord d’Afrique Noire » (cinéma, littérature, musique, arts plastiques et théatre) en collaboration avec le centre culturel Le Botanique. En termes d’art plastique, citons les exposition « Zaïre, art populaire » (1984), la mise en oeuvre à Ixelles de la fameuse toile géante « Matonge, Porte de Namur, Porte de l’Amour ? » de l’artiste Chéri Samba (2002), « L’Europe fantôme. Visions africaines de l’Europe et des Européens » (2003), « Ligablo. Exposition Bon Marché/Goedkooper Tentoonstelling » (2010) et, plus récemment, « Révolution rap, une histoire africaine ? » (2020).
Aujourd’hui, l’ONG continue à promouvoir l’expression artistique et la culture comme élément essentiel de l’ouverture à l’autre, pour briser les barrières, construire des ponts, questionner l’histoire et permettre l’éducation à l’interculturalité, bref pour dépasser et déconstruire les stéréotypes.
Ainsi, CEC a ouvert la voie sur la problématique des représentations, au départ d’une démarche artistique et culturelle. Aujourd’hui notre ONG a été rejointe par d’autres organisations de la société civile, des associations afro-descendantes, qui mènent également des actions dans ce sens. Cet écosystème d’intervenants renforce l’action de CEC.